La transition écologique bouleverse le secteur du bâtiment en France. Face aux défis climatiques, la réglementation thermique évolue pour répondre aux exigences environnementales actuelles. La RT2020, désormais connue sous le nom de RE2020 (Réglementation Environnementale 2020), marque un tournant décisif dans la conception et la construction des bâtiments neufs. Cette nouvelle norme, plus ambitieuse que ses prédécesseures, impose des critères stricts en matière d’efficacité énergétique, d’empreinte carbone et de confort thermique. Vous envisagez un projet de construction neuve ou vous souhaitez simplement vous informer sur les nouvelles normes en vigueur ? Découvrons ensemble les contours et implications de cette réglementation qui redéfinit les standards de la construction durable.
Origines et évolution de la réglementation environnementale
La RE2020 s’inscrit dans la continuité des réglementations thermiques précédentes, tout en marquant une rupture significative dans l’approche. Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, elle remplace la RT2012 avec une ambition renforcée. Cette évolution réglementaire découle directement des engagements pris lors des Accords de Paris sur le climat, visant la neutralité carbone d’ici 2050.
Contrairement à la RT2012 qui se concentrait principalement sur la performance énergétique, la RE2020 adopte une vision plus globale en intégrant l’impact environnemental des bâtiments tout au long de leur cycle de vie. Cette nouvelle réglementation représente la première étape d’un processus progressif visant à transformer radicalement le secteur de la construction pour répondre aux défis climatiques. L’État, avec l’aide des acteurs du secteur, a lancé ce projet inédit pour prendre en compte non seulement les consommations d’énergie, mais aussi les émissions de carbone, y compris celles liées à la phase de construction du bâtiment.
Les objectifs fondamentaux de la norme RE2020
La RE2020 repose sur trois piliers fondamentaux qui structurent l’ensemble de ses exigences. Le premier concerne la sobriété énergétique et la décarbonation de l’énergie. Cette réglementation impose une réduction drastique des consommations énergétiques et privilégie l’utilisation d’énergies renouvelables pour limiter l’empreinte carbone des bâtiments.
Le deuxième pilier vise la diminution de l’impact carbone des constructions neuves. Pour la première fois, une réglementation française intègre l’analyse du cycle de vie (ACV) des bâtiments, prenant en compte l’empreinte carbone des matériaux et équipements utilisés, de leur fabrication jusqu’à leur fin de vie. Le troisième objectif concerne l’amélioration du confort thermique estival, en anticipant les effets du changement climatique et la multiplication des épisodes caniculaires. Ces trois axes convergent vers un objectif commun : généraliser les bâtiments à énergie positive (BEPOS) et les constructions passives, capables de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment.
Exigences techniques pour les constructions neuves
La RE2020 renforce considérablement les exigences techniques par rapport à la RT2012. Pour les constructions neuves, la consommation de chauffage doit être inférieure à 12 kWhep/m², tandis que la consommation totale d’énergie ne doit pas dépasser 100 kWh/m². Ces seuils représentent une réduction significative par rapport aux normes précédentes.
L’isolation thermique fait l’objet d’un renforcement global, avec des performances accrues pour l’enveloppe du bâtiment. À titre indicatif, les planchers bas doivent présenter une résistance thermique (R) entre 4,5 et 6,5 m².K/W, les murs extérieurs entre 4,5 et 6,5 m².K/W, et les planchers hauts entre 8 et 10 m².K/W. La réglementation impose l’intégration d’au moins une source d’énergie renouvelable dans chaque construction neuve, favorisant ainsi l’autonomie énergétique des bâtiments.
Critères | RT2012 | RE2020 |
---|---|---|
Besoin bioclimatique (Bbio) | Bbio max | Réduction de 20% à 40% par rapport à la RT2012 |
Consommation d’énergie primaire (Cep) | 50 kWhep/m²/an | Réduction de 20% à 25% par rapport à la RT2012 |
Analyse du cycle de vie | Non obligatoire | Obligatoire |
Confort d’été | Tic (température intérieure conventionnelle) | DH (degré-heure d’inconfort) |
Énergies renouvelables | Recommandées | Obligatoires |
Champ d’application et calendrier de mise en œuvre
La RE2020 s’applique de manière progressive selon les types de bâtiments. Depuis le 1er janvier 2022, tous les permis de construire déposés pour des maisons individuelles et des logements collectifs doivent respecter cette nouvelle réglementation. Les bureaux et établissements d’enseignement sont entrés dans le champ d’application dans un second temps.
Ce déploiement progressif permet aux professionnels du secteur de s’adapter aux nouvelles exigences. L’année 2025 marquera une étape supplémentaire avec le renforcement des seuils d’émissions de carbone, qui deviendront plus stricts. Cette évolution programmée vise à encourager l’innovation et l’amélioration continue des pratiques de construction. Les bâtiments existants de moins de 1 000 m² ou ceux qui subissent des travaux légers de rénovation restent soumis à une réglementation par élément, où chaque composant remplacé ou rénové doit atteindre une performance minimale définie.
Analyse du cycle de vie et impact carbone
L’introduction de l’analyse du cycle de vie (ACV) constitue l’une des innovations majeures de la RE2020. Cette approche globale évalue l’impact environnemental d’un bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la démolition, en passant par la construction et l’exploitation. L’ACV prend en compte la fabrication des composants, le chantier de construction, l’utilisation du bâtiment et sa maintenance, ainsi que sa fin de vie.
Cette méthode permet de calculer précisément l’empreinte carbone d’une construction et d’identifier les leviers d’amélioration. À partir de 2025, les seuils d’émissions de carbone deviendront plus stricts, avec la fin du coefficient de majoration des seuils en fonction de l’utilisation de Données Environnementales par Défaut (DED). Cette évolution encouragera les constructeurs à privilégier des matériaux bas carbone disposant de Déclarations Environnementales de Produit (DEP) performantes. L’analyse du cycle de vie s’effectue sur un périmètre d’étude qui inclut la fabrication des composants, le chantier, l’utilisation et la maintenance, ainsi que la déconstruction du bâtiment.
Confort thermique et adaptation aux changements climatiques
La RE2020 accorde une attention particulière au confort d’été, en réponse à la multiplication des épisodes caniculaires liés au changement climatique. Elle remplace l’indicateur Tic (température intérieure conventionnelle) de la RT2012 par un nouvel indicateur appelé DH (degré-heure d’inconfort), qui mesure l’intensité et la durée des périodes d’inconfort thermique.
Pour respecter les exigences en matière de confort estival, la réglementation encourage l’adoption de solutions passives comme l’orientation optimale des bâtiments, la gestion efficace des ouvertures et la mise en place de protections solaires extérieures. La gestion automatisée des protections solaires devient la norme, avec des systèmes domotiques qui régulent l’occultation en fonction des conditions climatiques. Dans les zones climatiques H2d et H3, particulièrement exposées aux fortes chaleurs, des stratégies spécifiques doivent être mises en œuvre pour garantir le confort des occupants tout en limitant le recours à la climatisation.
Implications financières pour les propriétaires
L’application de la RE2020 engendre des coûts supplémentaires pour les projets de construction neuve, principalement liés au renforcement de l’isolation, à l’intégration d’énergies renouvelables et à l’utilisation de matériaux bas carbone. Le prix d’une étude thermique RE2020 complète, obligatoire pour obtenir le permis de construire, varie entre 600 € HT pour une maison individuelle de plain-pied et 1 000 € HT pour une maison d’architecte.
Néanmoins, ces investissements initiaux sont compensés à long terme par les économies d’énergie réalisées et la valorisation du bien immobilier. Pour accompagner cette transition, plusieurs dispositifs d’aide financière sont accessibles aux propriétaires :
- L’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) : ce prêt sans intérêt peut financer jusqu’à 40 000 € de travaux d’amélioration énergétique
- Le prêt action logement (PAL) : réservé aux employés d’entreprises privées non-agricoles d’au moins dix salariés
- Les aides locales : proposées par certaines régions et départements, pouvant atteindre 4 000 €
- L’exonération de taxe foncière : pendant 2 ans après la construction
- MaPrimeRénov’ : accessible deux ans après la construction pour des travaux d’amélioration énergétique
Vers des bâtiments à énergie positive
La RE2020 oriente résolument la construction vers le concept de Bâtiment à Énergie POSitive (BEPOS). Ces constructions innovantes sont conçues pour produire plus d’énergie qu’elles n’en consomment, grâce à une combinaison d’efficacité énergétique maximale et de production d’énergie renouvelable sur site.
Le plafonnement des émissions des systèmes locaux de production d’énergie, introduit par les modifications de 2025, favorise l’installation de solutions photovoltaïques pour tout type de bâtiment. Cette évolution valorise la production d’électricité locale et encourage l’autonomie énergétique des constructions. La conception bioclimatique joue un rôle essentiel dans cette démarche, en optimisant l’orientation du bâtiment, sa compacité et la disposition des ouvertures pour maximiser les apports solaires gratuits en hiver et limiter les surchauffes en été. Cette approche, combinée à une isolation performante et à des équipements efficaces, permet de réduire considérablement les besoins énergétiques avant même de recourir aux énergies renouvelables.
Conseils pratiques pour se conformer à la nouvelle réglementation
Pour respecter les exigences de la RE2020, nous recommandons d’adopter une approche globale dès la conception du projet. La première étape consiste à optimiser l’enveloppe du bâtiment en privilégiant une conception bioclimatique efficace et une isolation renforcée. Le choix des matériaux revêt une importance capitale, avec une préférence pour les solutions bas carbone comme le bois, les matériaux biosourcés ou les produits disposant de Déclarations Environnementales de Produit (DEP) performantes.
Voici les points essentiels à vérifier avant de démarrer un projet de construction conforme à la RE2020 :
- Faire réaliser une étude thermique RE2020 par un bureau d’études spécialisé dès la phase de conception
- Optimiser l’orientation du bâtiment et la disposition des ouvertures pour maximiser les apports solaires en hiver
- Choisir des matériaux d’isolation performants pour l’ensemble de l’enveloppe (murs, toiture, planchers)
- Prévoir des protections solaires extérieures automatisées pour garantir le confort d’été
- Intégrer au moins une source d’énergie renouvelable (panneaux photovoltaïques, pompe à chaleur, biomasse)
- Opter pour des systèmes de ventilation performants avec récupération de chaleur
- S’assurer que les ponts thermiques sont correctement traités
- Vérifier l’étanchéité à l’air du bâtiment (0,6 m³/h.m² en maison individuelle)
- Faire appel à des professionnels certifiés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour les travaux
La RE2020 représente une avancée majeure dans la transition écologique du secteur du bâtiment en France. En imposant des exigences renforcées en matière de performance énergétique, d’empreinte carbone et de confort d’été, cette réglementation transforme profondément les pratiques de construction. Si elle implique des adaptations et des investissements supplémentaires à court terme, elle génère des bénéfices considérables à long terme : réduction des factures énergétiques, amélioration du confort de vie, valorisation du patrimoine immobilier et contribution à la lutte contre le changement climatique. En anticipant les évolutions futures de la réglementation, notamment le renforcement des seuils prévu en 2025, vous vous positionnez favorablement dans un marché immobilier de plus en plus orienté vers la durabilité et la performance environnementale.